Catégories
Divers France Politique Social

Une Vie !

Elle s’appelait Saamiya Yusuf Omar et portait le dossard 2895 aux JO de Pékin, en 2008. Elle était l’une des deux seules athlètes à représenter son pays, la Somalie et avait même été désignée comme porte-drapeau lors du défilé de la cérémonie d’ouverture. Les spectateurs l’avaient applaudie, émus, dans sa série du 200 mètres, au cours de laquelle elle était arrivée dernière, loin de toutes les autres, dans un temps anecdotique de 32 secondes et 16 centièmes. Ce qui importait, c’était d’où elle venait.

Car pour participer aux Jeux Olympiques, elle avait dû surmonter une montagne d’obstacles. Le pays était dominé par les fondamentalistes islamiques, qui voyaient d’un mauvais œil une femme athlète.

Mais Saamiya avait tenu bon en s’entraînant dur. Elle savait que le sport pouvait l’aider à s’affranchir. Elle venait de Mogadiscio, aînée de six frères et sœurs, son père avait été tué dans la rue.

« C’était une expérience merveilleuse, j’ai porté le drapeau de mon pays, j’ai défilé avec les meilleurs athlètes du monde« , avait-elle répondu aux journalistes qui l’interrogeaient. Cela ressemblait au début d’une histoire de revanche sur la vie. Le sport, quelquefois, le permet.

Malheureusement ce ne sera pas le cas pour Saamiya qui est morte en avril dernier en tentant de rejoindre l’Italie par la Libye à bord d’une « charrette de la mer » qui n’est jamais arrivée. La nouvelle a été révélée par un ancien athlète somalien, Abdi Bile, le seul à avoir remporté une médaille pour son pays, l’or, aux 1 500 mètres des Mondiaux de Rome en 1987. « Savez-vous ce qu’est devenue Saamiya Yusuf Omar ? », s’est-il écrié, la voie rompue par l’émotion, lors d’une rencontre publique avec des membres du comité olympique somalien. Personne n’a su répondre. Abdi a repris : « Elle est morte pour rejoindre l’Occident. Elle était montée à bord d’une « charrette de la mer » qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n’y est jamais arrivée. »

LE RÊVE D’UNE VIE BRISE

En 2008, les tribunaux islamiques et les miliciens Al-Chebab règnent sur Mogadiscio et voient évidemment d’un très mauvais oeil qu’une jeune femme se lance dans l’aventure olympique. Lorsqu’elle rentre à Mogadiscio, Saamiya Yusuf Omar fait semble-t-il l’objet de pressions. Les miliciens islamistes ont décidément peu apprécié le voyage de la jeune sportive.

En octobre 2010, à 19 ans, elle doit quitter son pays, rejoint l’Ethiopie pour sauver sa peau et chercher un nouvel entraîneur en vue des Jeux de Londres. D’après Al-Jazeera, elle n’aurait peut-être pas obtenu la permission de s’y entraîner, de la part de la Fédration Athlétique d’Ethiopie. Afin de poursuivre le rêve olympique, Saamiya entreprend en avril une traversée clandestine avec d’autres migrants, entre la Libye et l’Italie. Elle espère pouvoir reprendre ses entraînements en Europe. Comme cela arrive trop fréquemment, le bateau coule. La jeune fille se noie et sa mort passe inaperçue.

Que vaut une vie, ici comme ailleurs ?

Saamiya était arrivée jusqu’à Pékin encore adolescente et, à 21 ans, avait peut-être en tête Londres 2012 lorsqu’elle est montée à bord de l’embarcation qui l’a conduite à la mort.

En témoignent les photos parues dans la presse et sur Internet ainsi que les images télévisées où on la voit s’entraîner dans les rues poussiéreuses de Mogadiscio entre un camion de miliciens armés et une horde d’enfants.

Peut-être espérait-elle reprendre son rêve interrompu à son retour de Pékin. Selon ses proches interrogés par la BBC, Saamiya Yusuf Omar aurait entrepris cette expédition avec l’espoir de trouver en Italie un entraîneur pour préparer les Jeux Olympiques de Londres.

Comme tant d’autres, elle avait tenté sa chance en quittant son pays. Selon le blog « Fortress Europe », près de 18 000 personnes seraient mortes comme elle, en Méditerranée, au cours de ces vingt dernières années.

Nous laissons la guerre se faire tout autour de nous, des milliers de vies se perdent dans l’indifférence de notre quotidien déjà difficile. Mais que vaut une vie ici comme ailleurs. En Syrie, Tchad, Mauritanie, Somalie, etc… nous restons observateurs et comptons les morts dans une normalité statistique tant que cela se passe en dehors de nos frontières mais qui sait si un jour la vague ne passera viendra pas frappée à notre porte… et alors ailleurs sera ici… mais il sera trop tard.

Notre société est déjà touchée, il suffit de regarder les informations.

Catégories
Economie Finance Fiscal France Ménages Social

Après l’effort du travail pas de réconfort fiscal de l’épargne

Il fut un temps où l’on recommandait aux Français d’épargner, notamment en vue de leur retraite compte tenu de la dégradation prévisible d’un système cinquantenaire due aux effets croisés de l’évolution démographique et de l’allongement de l’espérance de vie. Les revenus tirés de cette capitalisation individuelle leur seraient bien utiles pour compléter les pensions servies par les régimes collectifs de retraite par répartition en cure d’amaigrissement prolongée.

Certains ont réussi à épargner ce qu’ils n’avaient pas consommé en prévision de leurs besoins à venir, investissant dans l’immobilier, les titres ou l’assurance-vie.

Ceux là pouvaient jusqu’à ce jour être satisfaits voire fiers de leur effort d’épargne dont ils profiteraient directement sous forme de revenus complémentaires, de rachat partiel ou dans une perspective de transmission familiale.

Mais ça, c’était avant ! La fiscalité galopante, les prélèvements sociaux et contributions diverses depuis plusieurs années sont en train de s’emballer, au prétexte de justice sociale ou de solidarité nationale : « Il faut taxer les revenus du capital comme ceux du travail ».

Si la formule sonne bien en termes de communication marketing, elle n’en est pas moins décourageante, fausse et dangereuse à terme. Car on oublie trop facilement que le patrimoine de chacun provient généralement de revenus de travail préalablement taxés et fiscalisés.

De plus, les revenus du capital sont déjà aussi chargés que ceux du travail avec une différence notable : les prélèvements sociaux qu’ils supportent n’ouvrent droit en retour à aucune prestation sociale.

Le capital lui-même subit des ponctions pour lesquelles le travail est exempté : l’ISF, l’imposition des plus-values et, pour l’immobilier, les droits d’enregistrement à l’acquisition, la taxe foncière annuelle pendant la détention du bien.

Les revenus s’amenuisant progressivement, c’est le capital qui est alors mis à contribution !

Si la fiscalité est nécessaire, elle n’a pas pour vocation ni de décourager ni d’être prohibitive. Les épargnants n’ont rien volé, ils ont économisé sur les revenus de leur travail, après en avoir acquitté l’impôt entre autres. Leur tort serait d’avoir voulu percevoir les fruits de leur labeur, une pratique contraire à la nouvelle règle en vigueur qui empêche sournoisement les gens d’acquérir leur indépendance financière pourtant méritée.

Catégories
Divers Economie Finance France Ménages Politique Social

Les petites idées font de grandes lumières : 1 – Les rentes de la légion d’honneur

Dans les années 70 – suite à la crise pétrolière de 1974 puis à celle de l’énergie en 1979 – en France est née la chasse au « Gaspi » diminutif de gaspillage. C’est vrai qu’à l’époque « on n’avait pas de pétrole mais on avait des idées ».

Aujourd’hui nous n’avons toujours pas de pétrole – sauf à en trouver un jour au large de la Guyane – mais que reste-il de nos idées ?

Dans un contexte de crise qui dépasse non seulement les individus mais également les Etats, le nouveau sport français est la chasse aux niches fiscales ou sociales (dont on parle facilement pour faire sensation) mais surtout pas politiques comme certaines indemnités de fonctionnement de nos élus locaux ou nationaux dont on ne nous dit pas tout…
Il est une niche financière qui pourrait contribuer, sinon à juguler le déficit budgétaire de la France, à rendre service au moins à un secteur d’activité : il s’agit de La Légion d’Honneur.

http://www.communi-mage.com
copyright Studio Communi-Mage 2012

La Légion d’honneur est la plus haute décoration française. Instituée le 19 Mai 1802 par Napoléon Bonaparte, elle récompense les mérites éminents militaires ou civils rendus à la nation par les citoyens, en dehors de toute considération sociale ou héréditaire et ce, dans tous les secteurs d’activité du pays. Elle regroupe, sous l’autorité du Grand Chancelier, dans un ensemble qui n’a pas son pareil au monde, outre les décorés, deux maisons d’Education et un Musée.
Son siège se situe depuis le 3 mai 1804 dans le palais de Salm – aujourd’hui palais de la Légion d’honneur – où furent installés lors de leur création, la Médaille Militaire en 1852 et l’Ordre National du Mérite en 1963.

La Légion d’Honneur est une décoration qui coûte cher et ne rapporte financièrement rien outre le prestige pour les promus car, une fois nommés par le Président de la République, ils devront d’abord acheter leur décoration (par exemple, auprès de la Monnaie de Paris) puis s’acquitter des « droits de chancellerie », les frais d’expédition du brevet par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur.

Coût Médaille Droits & Frais
Chevalier 168,50 € 20,28 €
Officier 196,00 € 48,63 €
Commandeur 400,00 € 48,63 €
Grand Officier 815,00 € 73,18 €
Grand Croix 884,50 € 101,38 €

Une rente est bien prévue pour les militaires, mais pour la plupart d’entre eux, elle n’atteint même pas dix euros. Selon le code de la Légion d’honneur « toutes les décorations de l’ordre de la Légion d’honneur attribuées aux militaires et assimilés, au titre militaire actif, ainsi qu’aux personnes décorées pour faits de guerre, en considération de blessure de guerre ou de citation, donnent droit au traitement. » Ceci pour rappeler que cette distinction devait davantage récompenser les actions de vaillance que les stars du show business, les gestionnaires de fortunes, journalistes…

Le montant annuel (chiffres 2004) de cette rente pour les différents grades de la Légion d’honneur est présenté ci-après :

  • Chevalier : 6,10 euros ;
  • Officier : 9,15 euros ;
  • Commandeur : 12,20 euros ;
  • Grand Officier : 24,39 euros ;
  • Grand Croix : 36,59 euros.

Pas de quoi faire fortune individuellement. Un rapport budgétaire du Sénat notait d’ailleurs que la plupart des décorés ayant droit à ce traitement préfèrent y renoncer, et en faire don à la Société d’entraide des membres de la Légion d’honneur. Notons que ces pensions ne sont pas imposables (art. 81-4 et 81-7 CGI) → ne serait-ce pas là une niche fiscale ?

L’affectation budgétaire pour le paiement de ces traitements était de 1.059.004 € en 2005.

La Grande Chancellerie propose cependant un avantage concret avec ses deux Maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Des internats d’excellence, non mixtes, avec admission sur dossier et uniforme obligatoire.

Nombre des membres au 15 Juillet 2010 :

15/07/2010 Nombre
Chevaliers 74 834
Officiers 17 032
Commandeurs 3 009
Grands officiers 314
Grands-croix 67
TOTAL 95 256

Les crédits de fonctionnement pour l’administration centrale de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur et des maisons d’éducation se montaient à 15.888.689 euros en 2005 pour un effectif total de 415 personnes.

Cette institution élitiste pourrait – s’il en était – nous faire interroger sur deux sujets : le travail qu’il nous reste à faire quant à la proportion des efforts demandés à la collectivité en ces temps difficiles pour satisfaire une infime partie de la population ; l’inégalité sociale qui tend à s’accroître malgré ce que nous disent nos hommes politiques, en particulier pendant nos chères périodes électorales. Mais cela, c’est une autre histoire.

Enfin, les petites économies trouvées dans de nombreux tiroirs budgétaires peuvent finalement être utiles à tous. L’Etat doit donner l’exemple d’une gestion aussi rigoureuse que juste.

Catégories
Divers France Politique Social

Petites histoires politiques : rétrospective CHIRAC

Evoqué dans une dizaine d’affaires depuis son mandat de maire de Paris jusqu’à son arrivée à l’Elysée, Jacques Chirac ne peut invoquer raisonnablement des hasards douteux jalonnant son parcours politique, même s’il avait toujours réussi – jusqu’à l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris –  à éviter les tribunaux, en partie grâce à l’immunité présidentielle dont il a bénéficié jusqu’en 2007.

RETROSPECTIVE

http://www.communi-mage.com
Copyright Studio Communi-Mage 2012

1989 : Les faux électeurs de Paris

Avant les municipales de 1989, le Canard Enchaîné indique que le RPR aurait gonflé le nombre d’inscrits sur les listes électorales dans les IIIe, XIIIe, XIXe et XXe arrondissements de la capitale pour maintenir sa majorité et faire réélire Jacques Chirac. L’affaire des « faux électeurs » de la ville de Paris est suffisamment prise au sérieux par la justice pour qu’une enquête soit ouverte. Mais il faudra près de 20 ans de procédures pour que des accusations soient prononcées. Vingt ans pendant lesquels une autre affaire va défrayer la chronique : celle des faux électeurs du Ve arrondissement, lieu de naissance et d’élection de Jacques Chirac. C’est la socialiste Lyne Cohen-Solal qui dénoncera des centaines d’inscriptions fictives dans cet arrondissement tenu par Jean Tibéri depuis 1983.

En 2006, dix personnes seront reconnues coupables sur une quinzaine de prévenus pour la première affaire. Jean Tibéri a été condamné en 2009, en première instance. Ayant immédiatement fait appel, il n’a toujours pas été jugé en seconde instance et garde à ce jour l’ensemble de ses droits civiques. Jacques Chirac, lui, n’a pas été jugé.

1992 : L’affaire de la SEMPAP

En 1992, un rapport de l’Inspection générale de la mairie de Paris s’inquiète de la santé dela Sempap, la « Société d’économie mixte parisienne de prestation », autrement dit l’imprimeur de la capitale. Pas vraiment tendre avec ses gestionnaires, le rapport ouvre très vite la porte à plusieurs soupçons. Il est rapidement question de favoritisme dans le choix de prestataires pour des marchés publics, de financement indirect du RPR et de prestations « personnelles » offertes au couple Chirac. Plusieurs travaux d’impression auraient notamment été réalisés au bénéfice de Bernadette Chirac. Le total des sommes qui auraient ainsi été détournées à la mairie de Paris est estimé à l’époque à 110 millions de francs, soit plus de 15 millions d’euros. La Sempap été dissoute en 1996.

L’enquête réalisée par le juge d’instruction Jean-Marie d’Huy a été clôturée en avril 2009 et n’a pas encore donné suite. Jacques Chirac a été entendu en 2008 comme simple témoin.

1994 : Les HLM de la ville de Paris

Au début de l’année 1994, une petite affaire de fausses factures se transforme, entre les mains du juge Halphen, en affaire politique. La Société d’Application et de Revêtement (SAR), détenue par Francis Poullain, un proche de Jacques Chirac, aurait versé illégalement des commissions à Jean-Claude Méry, membre clé et trésorier officieux du RPR.

Très vite, un vaste système de financement occulte du parti est mis à jour. Le procédé est un classique : des entreprises de BTP, bénéficiant d’informations confidentielles pour obtenir les marchés de rénovation des HLM de la ville de Paris, surfacturaient leurs prestations aux organismes publics et reversaient la différence à des dirigeants politiques…

Au total, entre 1989 et 1994, plusieurs millions d’euros auraient ainsi été détournés grâce à une vingtaine d’entreprises.

Plus d’une trentaine de dirigeants d’entreprises et de l’OPAC ont été condamnés dans cette affaire aux multiples tiroirs. Si nombre de politiques ont été mentionnés (Méry, Tibéri, Roussin, Schuller, Balkany, Pasqua et Chirac), très peu seront finalement inquiétés.

1995 : Les marchés publics d’Ile-de-France

En 1995, la justice se penche sur une série de contrats signés depuis 1988 par les pouvoirs publics avec des entreprises du bâtiment pour la rénovation des lycées d’Ile-de-France. Avec un large système de fausses factures, elle met progressivement en lumière un circuit proche des malversations entourant la rénovation des HLM de la ville de Paris. Mais cette fois, des membres du RPR comme du PS sont visés. Parmi eux, Michel Roussin, directeur de cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris, Louise-Yvonne Casetta considérée depuis comme une « trésorière occulte du RPR », mais aussi Jean-Claude Méry, membre clé du RPR, déjà au centre de l’affaire des HLM.

Sur une cassette diffusée en 2000 après sa mort (la fameuse « cassette Méry »), ce dernier confessera avoir remis 5 millions de francs en liquide à Jacques Chirac en 1986.

Louise-Yvonne Casetta et Michel Roussin seront condamnés en 2005 et 2006 (en dernière instance). Jacques Chirac, protégé par son immunité de président de la République pendant toute la procédure, sera maintes fois cité, mais jamais inquiété.

1998 : Les emplois fictifs

« Emplois fictifs de la mairie de Paris », « emplois fictifs du RPR », « faux chargés de mission »… Depuis la fin des années 1990, et notamment la plainte d’un contribuable en 1998, une série de procédures sous différentes dénominations est lancée pour un seul et même soupçon : l’emploi par la ville de Paris, entre 1977 et 1995, de plusieurs dizaines de personnes travaillant en réalité pour le RPR, pour Jacques Chirac lui-même ou pour des proches. Payés par la municipalité, ces « salariés » n’auraient en tout cas jamais effectué de mission pour la ville. Au fil des décisions de justice, des recours et des condamnations (cf. ci-dessous), il n’est resté finalement que 21 emplois contestés. Après que Chirac et l’UMP se soient engagés à « rembourser » 2,2 millions d’euros à la ville, la mairie de Paris s’est retirée des parties civiles.

En 2004, Alain Juppé, premier adjoint de Paris à l’époque des faits, a été condamné par la justice dans l’affaire dite « des emplois fictifs du RPR ». Après une année d’exil au Canada, Alain Juppé a progressivement repris ses fonctions de maire à la ville de Bordeaux et depuis plus d’un an, se retrouve au gouvernement de Nicolas Sarkozy comme Ministre des Affaires Etrangères ; on ne change pas les équipes qui gagnent…

2000 : Les voyages en avion

En 2000, la justice se penche sur une somme de 2,4 millions de francs que Jacques Chirac aurait versé, en liquide, à l’agence de voyage Gondard. Le tout pour une vingtaine de déplacements privés des Chirac et de proches, entre 1992 et 1995. D’où vient cette somme ? Un rapprochement avec les commissions occultes des marchés publics d’Ile-de-France est opéré. L’Elysée évoque « des primes perçues par Jacques Chirac en sa qualité de ministre et de Premier ministre, et d’argent personnel ou familial ». Dans la même période, des voyages effectués via la compagnie Euralair sont aussi dans le collimateur des juges. Certains auraient été offerts par l’opérateur, pourtant en difficulté, d’autres payés discrètement par des tiers plutôt intéressés. En 2004, un certain nombre de voyages de Bernadette Chirac en Corrèze seront ainsi pointés du doigt.

La provenance de l’argent versé à l’agence Gondard reste inconnue. Confrontés à l’immunité de Jacques Chirac, les juges se sont déclarés incompétents en 2001. Dans la seconde affaire (Euralair), l’instruction s’est achevée en 2009.

2001 : Le château de Bity

En 2001, le Canard Enchaîné dévoile une affaire datant de 1977. A l’époque, Jacques Chirac vient à peine d’être élu maire de Paris. Mais il est déjà trésorier de la Fondation Pompidou, consacrée aux personnes âgées. Passés quelques mois, celle-ci reçoit des dons anonymes en liquide, avoisinant au total près de 500 000 francs de l’époque. Puis elle achète, en partie grâce à ces fonds, un terrain de 5 hectares en Corrèze pour y construire « un centre de vacances pour personnes âgées ». Or le terrain jouxte le château de Bity, qui appartient… au couple Chirac ! La maison de retraite n’ayant jamais vu le jour, on soupçonne alors Jacques Chirac d’avoir voulu utiliser cet écran de fumée pour assurer sa tranquillité en évitant toute implantation dans le voisinage.

Il n’a jamais été prouvé que les dons à la Fondation Pompidou venaient de la mairie de Paris. Mais Jacques Chirac aurait en revanche bien fait pression pour l’achat du terrain par la Fondation. En 2001, la justice estimera finalement qu’il y avait prescription.

2001 : Le compte japonais

En 2001, Nicolas Beau, journaliste au Canard enchaîné, apprend quela DGSE s’intéresse de près à un compte ouvert depuis 1992 au Japon, à la Tokyo SowaBank. Ce compte, doté de 300 millions de francs, serait tout simplement celui de Jacques Chirac et regrouperait « le butin » de plusieurs affaires. Disposant de peu de documents et de timides témoins (dont le général Rondot), les journalistes qui enquêteront sur le sujet seront toujours pris pour des illuminés par une partie des médias et de la justice. L’un d’eux, Jean-Pascal Couraud, a mystérieusement disparu à Tahiti, en 1997, alors qu’il était sur une piste. Aujourd’hui encore, l’existence du compte reste à prouver. Seuls faits incontestables : Jacques Chirac a promu Shoichi Osada, le directeur de la Tokyo SowaBank, chevalier de la Légion d’honneur en 1994, puis officier en 1997, avant sa faillite en 1999.

Aucune procédure judiciaire n’a été menée directement au sujet de l’hypothétique compte. L’enquête sur la disparition de Jean-Pascal Couraud a permis la déclassification de documents secret défense en 2008, sans montrer de lien entre les deux affaires.

2002 : Les frais de bouche

En 2002, Jacques Chirac est en marche vers l’Elysée quand l’affaire dite « des frais de bouche » vient perturber sa campagne. Selon un rapport officiel de l’Inspection générale de la ville de Paris, 2,1 millions d’euros auraient été dépensés par le couple Chirac pour des frais alimentaires et de réception quand Jacques Chirac était maire de Paris, entre 1987 et 1995. Soit 4000 euros par jour en moyenne. Le tout supporté bien évidemment par les finances de la capitale. Bertrand Delanoë porte plainte et le dossier menace immédiatement de bouleverser l’élection présidentielle qui s’annonce déjà difficile pour le président sortant. Ce dernier sera finalement réélu dans les conditions qu’on connait, face à Jean-Marie Le Pen au second tour.

Il a été entendu comme « témoin assisté » en 2007 dans cette affaire.

Un non-lieu, prononcé en novembre 2003, a depuis été confirmé par la cour d’appel de Paris. Le juge Courroye, auteur du premier verdict, avait estimé que les faits éventuels étaient prescrits au moment de la plainte de la ville de Paris.

 

Jacques Chirac aura été mentionné, à tort ou à raison, au total dans une dizaine d’affaires pendant sa longue carrière. Bien des ramifications des unes et des autres ne figurent d’ailleurs pas cette rétrospective : l’achat, par une filiale des HLM de Paris, d’un logement avec jardin privatif dont aurait jouit le couple Chirac, une énième affaire de fausses factures, entourant la direction de l’architecture de la mairie de Paris dans les années 1990…

L’ancien chef de l’Etat a aussi été cité plus ou moins explicitement dans plusieurs grands dossiers très politiques ces dernières années : l’Angolagate, lié à la vente d’armes parla Franceà l’Angola, l’affaire Karachi, ou encore la manipulation que constitue l’affaire Clearstream et pour laquelle son ancien directeur de cabinet Dominique de Villepin sera poursuivi en appel en mai 2011 puis relaxé en Septembre.

Ces affaires, qui ont été portées à notre connaissance, sont peut-être le fruit d’une stratégie calomnieuse de la machine politicienne bien huilée en la matière mais comme dirait le vieil adage : il n’y a pas de fumée sans feu.

Comment – dans ces conditions – pouvons-nous prôner auprès de nos enfants les valeurs sur lesquelles repose notre République et qui sont les nôtres dans notre éducation : probité, honnêteté, transparence, etc… ?

Comment pouvons-nous être crédibles – en tant que français vis à vis de l’extérieur et en tant que parent vis à vis de nos enfants – si nos propres représentants, à la tête de l’Etat ne montrent pas l’exemple ?

Catégories
Politique Social

Affaires politiques, épilogue Chirac

http://www.communi-mage.com
Copyright Studio Communi-Mage 2012

Poursuivi pour « détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêts » dans l’affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris, l’ancien Président de la République Jacques CHIRAC, 79 ans, a été déclaré coupable ce jour ; cela à double titre :

  1.  «détournement de fonds publics» et «abus de confiance» dans le volet parisien de l’affaire, qui porte sur 21 emplois rémunérés par la mairie de Paris au début des années 90,
  2. «prise illégale d’intérêt» dans le 2e volet, qui avait été instruit à Nanterre.

« Jacques Chirac a manqué à l’obligation de probité qui pèse sur les personnes publiques chargées de la gestion des fonds ou des biens qui leur sont confiés, cela au mépris de l’intérêt général des Parisiens », a jugé le tribunal correctionnel de Paris.

Jacques Chirac avait été jugé en son absence pour raisons médicales lors de son procès qui s’était déroulé du 5 au 23 Septembre dernier.

Les emplois en cause ont été rémunérés par la mairie de Paris de 1990 à 1995. Jacques Chirac – qui était à l’époque maire de Paris, président du RPR et préparait la présidentielle de 1995 – était soupçonné d’avoir mis les deniers municipaux au service de ses ambitions électorales et des intérêts de son parti.

L’ancien président a toujours récusé les faits qui lui sont reprochés. Il avait affirmé «n’avoir commis aucune faute pénale ou morale», dans une déclaration lue au procès par l’un de ses avocats.

Estimant que rien ne permettait de démontrer l’existence d’un «système frauduleux, encore moins d’un système mafieux » dont l’ancien patron de l’ex-RPR est soupçonné d’avoir bénéficié pour servir sa carrière politique, le parquet avait requis une relaxe générale.

La principale victime, la ville de Paris, était absente du procès, ayant renoncé à se porter partie civile à la suite d’un accord d’indemnisation de 2,2 millions d’euros conclu avec l’UMP et M. Chirac.

Le tribunal correctionnel de Paris a déclaré irrecevable la constitution de partie civile de l’association anti-corruption Anticor qui avait seule porté la contradiction au procès.

Seuls deux des neuf autres prévenus ont été relaxés: l’ancien directeur de cabinet Michel Roussin, et Pierre Boué, un proche des milieux sportifs.

Une dispense de peine a été accordée à l’ex-secrétaire général de FO Marc Blondel, les six autres écopant de peines comprises entre deux et quatre mois de prison avec sursis.

Catégories
Economie France Politique Social

La France face à sa crédibilité : le triple A à tout prix ?

La perspective d’une perte de la note triple A de la dette française s’est accentuée lundi 21 Novembre avec un nouvel avertissement de l’agence de notation Moody’s qui pense que la situation de la France continue de se dégrader. Déjà affaiblis par la crise la dette, les marchés financiers ont immédiatement réagi ; entrainant à la baisse la Bourse de Paris de plus de 2% dans l’après midi.

L’agence de notation s’inquiète des taux de plus en plus élevés auxquels doit faire face le pays pour emprunter sur le marché obligataire et de la dégradation de ses perspectives de croissance.

Dans un commentaire, Moody’s estime que « les coûts de financements élevés (à long terme, ndlr), conjugués à une perspective de croissance qui se détériore, auront des implications de crédit négatives ». En clair, cela signifie une potentielle baisse de la note du pays.

Selon certains analystes, la France ne mérite déjà plus son triple A et les marchés anticipent déjà sa perte.

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy a fait de la sauvegarde du triple A par les trois grandes agences de notation une priorité. Le ministre des Finances François Barouin a d’ailleurs réaffirmé dans un communiqué « le caractère intangible des objectifs de réduction des déficits publics », tout en soulignant que « le niveau actuel des taux » auxquels emprunte la France « correspond à des conditions de financement qui sont très favorables ».

Les deux plans de rigueur adoptés depuis l’été risquent de ne pas suffire, malgré les annonces de François Barouin ministre du budget, puisque le gouvernement n’aura pas la main sur les évolutions de la croissance et sur les suites de la crise de la dette en zone euro.

Les taux d’intérêt continuent de progresser alors que la croissance française en 2012 à été ramenée à 1% (encore trop optimiste pour certains) contre 1,75% auparavant.

La crainte des marchés à l’égard de la dette française s’est accentuée ces derniers jours. Les taux à 10 ans, baromètre de la confiance des investisseurs, grimpent, même s’ils restent inférieurs à leur niveau du printemps. Surtout, l’écart de taux (« spread ») grandit avec le Bund, l’obligation allemande de référence. Il s’est creusé à un niveau historique la semaine dernière en dépassant les 200 points de base (2 points de pourcentage).

« La France est prise dans la spirale de la contagion et peu importe tout ce qu’elle pourra annoncer comme mesure de rigueur et toutes les promesses qu’elle fera, elle est entraînée dans un cercle vicieux », estime M. Ducrozet, stratégiste au Crédit Agricole.

Dans les salles de marché, la France est de plus en plus considérée comme un pays du Sud de l’Europe au même titre que l’Espagne et l’Italie du fait de sa dette importante (1.700 milliards d’euros) et de sa faible croissance.

Pour les analystes interrogés, le seul moyen de mettre fin à cette épidémie est une action rapide et volontaire de la zone euro avec notamment une annonce choc lors du prochain sommet européen le 9 décembre. Tous les yeux sont tournés vers la Banque centrale européenne et l’Allemagne pour qu’ils se prononcent par des rachats massifs des titres de dette des pays en difficulté.

En attendant, les mesures prises pour que la France reste crédible aux yeux des investisseurs entraîne sa population vers une fragilité voire une précarité économique qui ne semble pas être le souci premier de ses hommes politiques. Cette situation aurait dû être appréhendée depuis bien longtemps mais nous n’étions – jusque là – peut-être pas assez dans l’urgence.