Encore inconnue du grand public jusqu’avant l’été, la notation de la France est devenue en quelques mois le centre de notre vie quotidienne bien malgré nous. Les plans d’austérité se sont en effet succédés pour faire garder à la France son triple A et donc sa crédibilité vis-à-vis des investisseurs.
Une première question se pose naturellement à celui qui veut comprendre : qu’est cette notation et à quoi sert-elle ?
Pourquoi n’en entendions-nous pas parler avant alors qu’aujourd’hui pas un jour ne se passe sans en faire référence dans les médias ?
La notation financière ou notation de la dette ou rating (dans le monde anglo-saxon) est l’appréciation, par une agence de notation financière, du risque de solvabilité financière :
- d’une entreprise ;
- d’un État (« notation souveraine ») ou d’une autre collectivité publique, nationale ou locale ;
- d’une opération (emprunt, emprunt obligataire, opération de financement structurée, titrisation, etc.),
et à attribuer une note correspondant aux perspectives de remboursement de ses engagements envers ses créanciers — fournisseurs, banques, détenteurs d’obligations, etc…
La notation financière constitue, pour les investisseurs, un critère clé dans l’estimation du risque qu’un investissement comporte, particulièrement dans le cadre de marchés financiers de plus en plus globaux qui rendent difficile la maîtrise de l’information et donc de tous les paramètres de risque. C’est même un des critères obligatoires pour les emprunteurs institutionnels (fonds de pension, collectivités territoriales, etc…) dont les statuts précisent un niveau de notation minimal pour leurs investissements.
Il est essentiel de faire la distinction entre la notation financière et l’évaluation des risques-clients, qui peuvent avoir les mêmes objectifs (faire face au risque de contrepartie) mais n’utilise pas les mêmes ressources (le premier fait appel à un véritable audit financier et l’autre fait appel à un système expert automatique). Également, la notation est sollicitée (souvent par les grandes entreprises cotées) alors que l’évaluation est systématique et réalisée sur l’ensemble des entreprises.
La mission d’effectuer l’analyse financière nécessaire et d’attribuer la note est confiée à des agences de notation financière, qui reflètent et renforcent l’équilibre des pouvoirs économiques et politiques dans le monde. Les trois plus grandes agences de notation sont américaines (Moody’s, Fitch, Standard & Poors). La principale agence chinoise est la Dagong Global Credit Rating.
Elles font paraître régulièrement leurs notations. Habituellement deux notes sont attribuées, l’une pour apprécier le risque de non-remboursement à court terme et l’autre pour appréhender ce même risque mais pour les créances à plus long terme.
Le AAA est la meilleure note existante et ne s’applique le plus souvent qu’aux plus puissants Etats. Cette notation est extrêmement importante puisqu’elle subordonne le coût de l’emprunt pour l’emprunteur. En effet, toute dégradation de cette notation AAA (vers AA ou vers A) impliquera pour l’émetteur de payer un taux d’intérêt plus élevé aux investisseurs.
Les pouvoirs publics se mobilisent pour garder ce fameux triple A à la fois pour garder des taux d’intérêts bas mais peut-être pour paraître encore une grande nation, ceci quelqu’en soit les conséquences sur la population française. Car nous oublions facilement que la dette de la France ne date pas d’aujourd’hui et qu’elle est la conséquence des politiques successivement menées durant ces 50 dernières années ; peu importe la tendance politique du moment.
Alors que la France s’est endettée vis-à-vis d’elle-même pour financer ses interventions notamment sociales, le grand emprunt lancé par Nicolas Sarkozy a permis de titriser une partie de cette dette en la finançant par des investisseurs extérieurs moyennant un taux d’intérêt.
Cette créance provenant d’un Etat est synonyme de sécurité absolue. C’est ainsi que la France est devenue débitrice de tout investisseur qu’il soit français ou étranger avec le danger de dépendre de conditions extérieures…